Alors que l’édition 2024 de Roland-Garros a pris fin, la ReF vous propose de revenir sur les portraits de six tenniswomen LGBTQ+ qui ont marqué l’histoire du tennis et ont été des pionnières dans la lutte pour l’égalité et la visibilité de la communauté LGBTQ+.
Sommaire
1. Billie Jean King
Billie Jean King (1943- ) est l’une des plus grandes joueuses de tennis de tous les temps. Cette ancienne numéro 1 mondial doit sa célébrité non seulement à ses triomphes sur les courts mais aussi à ses actions militantes en faveur des droits des femmes et de la communauté LGBTQ+. On vous explique :
Née en Californie le 22 novembre 1943, Billie Jean King commence le tennis à 11 ans et comprend immédiatement qu’elle en fera son métier : “La deuxième fois où j’ai pris une raquette en main, j’ai décidé que je serai numéro un mondiale”1. Elle intègre un parcours pro à 16 ans. Billie Jean King remporte 39 titres du Grand Chelem (12 en simple, 16 en double et 11 en double mixte) au cours de sa carrière. En simple, elle est la 7ème femme la plus titrée au monde2.
Le saviez-vous ? Elle est connue pour avoir participé à la Bataille des sexes en 1973, qu’on vous recommande chaudement de découvrir dans le film Battle of the Sexes (2017). Instigué par Bobby Riggs en septembre 1973, un ancien numéro 1 mondial du tennis masculin, ce match historique visait à prouver que même un homme retraité pouvait battre la meilleure joueuse féminine. Riggs, connu pour ses déclarations sexistes, a défié Billie Jean King après avoir battu Margaret Court dans un match similaire.
Rôle dans la Communauté LGBTQ+ : Billie Jean King fait son coming out en 1981, devenant ainsi la 1e sportive au monde à annoncer publiquement son homosexualité ou sa bisexualité. Suite à ce coming out, elle perd tous ses sponsors. 3.
Elle se bat pour la place des femmes dans le sport et notamment pour que femmes et hommes touchent les mêmes sommes lors des tournois. Elle participe à la création de la Women’s Tennis Association (WTA) et fonde également la Women’s Sport Foundation, destinée à encourager les futures générations de sportives.
En 2014, Barack Obama lui remet la Médaille présidentielle de la Liberté pour son combat en faveur des femmes et de la communauté LGBTQ+. En 2005, les journalistes de Tennis Magazine la classent au 9ème rang des « 40 plus grands champions de tennis de ces quarante dernières années » (femmes et hommes confondus).
2. Lisa Raymond
Lisa Raymond, née le 10 août 1973, est une ancienne tenniswoman professionnelle américaine, célèbre pour ses succès en double et son engagement pour la communauté LGBTQ+.
Sa carrière est marquée par 11 titres du Grand Chelem en double, dont 6 en double féminin et 5en double mixte, la propulsant ainsi au sommet du classement mondial en juin 2000. Jouer avec des joueuses de renom telles que Samantha Stosur, Rennae Stubbs et Lindsay Davenport et leurs multiples victoires ont renforcé sa réputation de championne du double.
En dehors des courts, Raymond a été l’une des premières joueuses de tennis de haut niveau à faire son coming out lesbien.
3. Rennae Stubbs
Née le 26 mars 1971, Rennae Stubbs est une ancienne tenniswoman professionnelle australienne dont la carrière est marquée par ses performances en double.
Stubbs a remporté 4 titres du Grand Chelem en double féminin et 2 en double mixte. En 2000, elle est 1ère au classement mondial en double.
Au-delà de ses succès sportifs, Stubbs a été une partenaire efficace pendant les matchs, formant des équipes réussies avec Samantha Stosur et Lisa Raymond, avec qui elle a également partagé une relation amoureuse pendant deux ans. La médiatisation de leur relation assumée a été un exemple pour la communauté LGBTQ+ dans le monde du tennis4.
Stubbs a continué à exercer une influence positive en tant que coach, entrainant plusieurs joueurs et joueuses de haut niveau, dont Samantha Stosur et Karolína Plíšková. Elle utilise sa visibilité pour promouvoir l’inclusion et l’acceptation dans le tennis et le sport, inspirant ainsi les générations futures d’athlètes LGBTQ+ 5.
4. Amélie Mauresmo
Amélie Mauresmo, née le 5 juillet 1979, est une ancienne numéro 1 mondiale et une des plus grandes championnes du tennis français.
Sa carrière a été marquée par 2 titres du Grand Chelem, remportant l’Open d’Australie et Wimbledon en 2006. En atteignant le sommet du classement mondial, elle est devenue la 1ère française à occuper cette position depuis Suzanne Lenglen, une étape historique dans le tennis féminin.
En 1999, Amélie Mauresmo fait son coming out en tant que lesbienne alors qu’elle se qualifiait pour la finale de l’Open d’Australie. Étant l’une des seules athlètes françaises out de sa génération, elle est devenue une icône. Au cours de sa carrière sportive, Amélie Mauresmo s’est exprimée à de multiples reprises pour promouvoir l’inclusion et l’acceptation, devenant ainsi une voix influente dans la communauté LGBTQ+ dans le tennis et dans le sport en général. Elle s’est également exprimée à de nombreuses reprises en faveur de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour toutes6.
“À chaque fois que je perdais, on la remettait en question, ce qui n'arrivait jamais quand j'avais un coach masculin. Au tennis, généralement, c'est le joueur qui est critiqué. Et ce n'était pas le cas quand je travaillais avec Amélie.” Andy Murray
Le saviez-vous ? Amélie Mauresmo est également la 1ère femme à entraîner une star masculine du tennis, Andy Murray, qui passera de numéro 10 à numéro 3 mondial. Au cours de leurs deux années de collaboration (2014-2016), elle a fait face à de nombreuses remarques sexistes dans les médias et est jugée durement tout au long de leur collaboration.
Elle devient en 2018 la 1ère femme capitaine de France de la Coupe Davis7. Son influence s’étend également au-delà du court, en tant que directrice du tournoi de Roland-Garros, où elle joue un rôle essentiel dans l’organisation et le développement du tournoi. Elle est la 1ère femme à occuper ce rôle8.
5. Alison Van Uytvanck
Alison Van Uytvanck, née le 26 mars 1994, est une tenniswoman professionnelle belge ayant fait son coming out en 2018.
Sa carrière est marquée par plusieurs titres sur le circuit du Women Tennis Association (WTA) en simple et en double. Elle atteint son meilleur classement en simple en août 2018, au 37e rang mondial. En 2019, avec Greet Minnen, elles forment le premier couple de même sexe à jouer ensemble en double à Wimbledon.
Elle s’exprime à de multiples reprises sur la stigmatisation de la communauté LGBTQ+ dans le tennis9
Elle affirme que pour ses confrères masculins, “leur coming out serait plus difficile« , et plaide pour un court de tennis plus tolérant pour tous et toutes9
6. Daria Kasatkina
Née le 7 mai 1997, Daria Kasatkina est une tenniswoman russe qui fait sensation dans le monde du tennis par ses capacités et son engagement politique envers la communauté LGBTQ+.
Sa carrière est marquée par des succès notables, notamment sa victoire au Kremlin Cup 2018 et plusieurs quarts de finale en Grand Chelem. Son ascension l’a propulsée au top 10 mondial, témoignant de son talent et de son potentiel sur le terrain.
En 2022, la tenniswoman fait son coming out lesbien tout en dénonçant l’homophobie prégnante en Russie. Son annonce s’est déroulée alors que la Douma russe (chambre basse du Parlement russe) débattait d’un projet de loi visant à “interdire la « propagande » des « relations sexuelles non traditionnelles » – soit les relations homosexuelles”. Cette loi a été adoptée10.
La tenniswoman, qui vit désormais en Espagne, s’est également exprimée à de multiples reprises contre la guerre russe en Ukraine11, condamnant les actions de Vladimir Poutine. Luka Aubin, chercheur français à l’IRIS affirme en 2022 que par ses prises de position contre la guerre russe en Ukraine et son engagement LGBTQ+, Daria Kasatkina “pourrait devenir un modèle”12.
Ces six tenniswomen LGBTQ+ ont non seulement laissé une marque indélébile sur le tennis par leurs performances exceptionnelles, mais ont également brisé des barrières sociales et culturelles. La création du WTA a particulièrement aidé dans la lutte pour une juste rémunération des tenniswomen.
Cependant, le climat de plus en plus tolérant du tennis féminin envers la communauté LGBTQ+ ne s’est pas étendue au tennis masculin où aucun joueur de tennis professionnel n’a fait de coming out en étant encore en activité13.
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons qu'ils vous conviennent.OKNonPolitique de confidentialité