Sommaire
I. L’époque de la Renaissance : l’origine de la sexualisation des seins
1. Une nouvelle fonction donnée à la poitrine
“Privé de son lien direct [à la maternité et] au sacré, le sein devint le terrain de jeu incontesté du désir masculin.”
2. Nouvelle mode vestimentaire et liberté sexuelle
“une beauté d’un tel charme, que l'œil s’y attarde même contre sa volonté”
3. Le fantasme des seins à travers l’art
“Si l’histoire s’appuyait sur les expériences subjectives des femmes, elle serait toute différente ; hélas les archives sont presque inexistantes”
Marilyn Yalom
4. Pourquoi les hommes aiment-ils les seins ?
"Les hommes sont les seuls êtres vivants à avoir une fascination sexuelle pour les seins d'une femme",
II. Les conséquences de la sexualisation des seins aujourd’hui
1. Lorsque les seins font vendre
“Où tracer la limite entre la prise de pouvoir par une femme qu’on paie pour montrer sa poitrine et la victimisation de nombre d’autres, considérées comme des objets sexuels ?”.
2. Le poids du regard masculin et le harcèlement
“contrainte à rendre public son corps sexuel, à éprouver l’objectivation que produit l’appropriation des seins par le regard, les gestes ou les mots”
"[le corps de la femme] est un corps pour autrui, un corps sexuel et maternel offert aux hommes et à la société”
“Le harcèlement de rue, c’est tous les jours ou presque. Un mec qui me croise dans la rue et qui me dit : “Toi, je te fais une branlette espagnole direct…” Et souvent, à un moment dans la conversation, il faut que quelqu’un fasse remarquer que j’ai des gros seins”.
“Les seins doivent être suffisamment gros pour être offerts aux regards, aux mots et aux mains des hommes, mais pas trop gros pour ne pas paraître outranciers”.
3. Le corps des femmes contrôlé et censuré
“La loi se contente-t-elle de renforcer des stéréotypes sur la nature séductrice des seins des femmes et l’idée que les hommes ne peuvent se contrôler en présence de poitrines découvertes ? Ces lois sont-elles établies pour réserver les seins à la pornographie, aux films, à la télévision et à la publicité, où ils deviennent des images d’autant plus précieuses qu’ils sont cachés ailleurs ?”.
“Le sein offenserait bien des pudeurs, mais uniquement s’agissant de seins féminins. Le téton mâle, lui, n’offense personne, à tel point qu’il est omniprésent dans l’espace public, y compris sur les réseaux sociaux, qui n’hésitent pas à censurer le sein féminin.”
“L’ironie de la situation n’a échappé à personne : dans un musée qui abrite de nombreux nus féminins, dont L’Origine du monde de Gustave Courbet, de véritables seins (tout de même cachés par une robe) sont considérés comme indécents. Le corps des femmes n’est-il « décent » que vu par le regard d’un artiste, la plupart du temps masculin, ou lorsqu’il obéit à certains stéréotypes ?"
Article “Musée d’Orsay : tenue correcte exigée ?” de Philosophie Magazine
III. Les mouvements de lutte pour la liberté de la poitrine
1. Le mouvement no bra
- Le premier argument consiste à souligner leur nocivité pour la santé des femmes (…) – inconfort, gêne respiratoire, douleurs musculaires et mammaires. (…)
- Le second argument concerne la prétendue nécessité de soutenir les seins. Contrairement à un préjugé répandu, la chute des seins n’est pas enrayée par le port du soutien-gorge. (…)
- C’est lorsque les adeptes du sein libre affirment qu’abandonner les soutiens gorges permettrait de “se sentir enfin soi-même” qu’elles sont finalement les plus convaincantes.”
2. Le topless sur les plages
« La plage observe et contrôle les moindres détails. Dans le silence des échanges visuels et gestuels, un code de conduite extraordinairement précis régit la plage, et surtout les seins nus. »
3. Nudité ou non : avoir le choix
“Les femmes devraient être libres de faire ce qu'elles veulent, de mettre ou non des soutiens-gorges, des corsets, des décolletés. La liberté, c’est d'avoir le choix.”
“Si je mets des décolletés, c’est parce que je me trouve belle en mettant des décolletés. (...) Moi dans mon entreprise, je mets des décolletés tous les jours, et au fur et à mesure les gens s’habituent et on arrête de me sexualiser et de me prêter des intentions qui ne sont pas les miennes. (...) Beaucoup de gens aiment se faire beaux. Personne n’aime se faire harceler. (...) Honnêtement, laissez-moi faire ce que je veux avec mes seins.”
Conclusion
“A qui appartiennent les seins ? À l’enfant qui tète, dont la vie dépend du lait de sa mère ou d’un substitut affectif ? À l’homme ou à la femme qui les caresse ? À l’artiste, qui représente les formes féminines, ou à l’arbitre de la mode, qui choisit des seins petits ou gros en fonction de la demande incessante du marché pour un nouveau style ? À l’institut de l’habillement, qui cherche à vendre un “soutien-gorge de maintien” pour les femmes âgées et des Wonderbra pour celles qui veulent montrer un décolleté pigeonnant ? Aux juges religieux ou moraux, qui insistent pour que la poitrine soit chastement couverte ? À la loi, qui peut ordonner l’arrestation de femmes allant torse nu ? Aux médecins, qui décident à quelle périodicité on doit procéder à une mammographie et quand il faut une biopsie ou une ablation des seins ? Au chirurgien esthétique qui les restructure pour des raisons purement cosmétiques ? Au pornographe qui achète le droit d’exposer la poitrine de certaines femmes, souvent dans un cadre avilissant et injurieux pour toutes les femmes ? Ou bien appartiennent-ils à la femme pour qui les seins sont une partie de leur propre corps ?"
Marilyn Yalom, Le sein, une histoire