Fiche technique
6.6
Du 04/09/2023 au 02/12/2023 sur Arte
Synopsis
Analysant avec rigueur plus de 175 extraits de films, la réalisatrice Nina Menkes montre dans Brainwashed qu’un sexisme systémique guide la représentation des femmes au cinéma. Le septième art, « langage commun de la culture du viol » ?
De Metropolis à Eyes Wide Shut en passant par The Breakfast Club, Il était une fois à Hollywood¸ After Hours de Scorsese ou même Titane, de Julia Ducournau, Nina Menkes analyse plus de 175 extraits de films sur une période allant de 1896 à 2020 en focalisant son attention sur les plans de femmes dans le cinéma de Hollywood (soit 80 % des contenus de « divertissement » diffusés à travers le monde) et d’ailleurs. L’essayiste et réalisatrice déconstruit chaque scène à partir d’éléments invariables : la relation sujet/objet, le cadrage, les mouvements de caméra et l’éclairage, soit les quatre paramètres qui permettent d’établir la « position narrative d’un personnage« . Elle fait ainsi apparaître une structure sexiste systémique dans l’ensemble de ces prises de vues, parfois même en décalage total avec le rôle attribué à l’actrice.
Ça crève les yeux
Hommes et femmes sont filmés différemment. De ce constat implacable et rigoureusement étayé, Brainwashed met en évidence la réification des protagonistes féminines dans le cinéma, message plus ou moins conscient qui aboutit selon la réalisatrice à un « langage commun de la culture du viol« . Car dans l’immense majorité des cas exposés, les femmes sont montrées à l’écran comme objet du regard, souvent silencieuses, décorrélées de leur environnement, fragmentées à l’image (poitrine, fesses…) et réduites à une simple fonction sexuelle. Le ralenti, par exemple, est utilisé pour les filmer en tant que corps sur lesquels le regard s’attarde, tandis qu’au masculin on n’y recourt que pour des scènes d’action. Désormais confronté à la critique féministe, le milieu du cinéma ne semble pas prêt à se réformer en profondeur. Fondée aussi sur l’une de ses conférences (« Sexe et pouvoir : le langage visuel du cinéma ») et sur les témoignages d’actrices et d’essayistes, à l’instar de Laura Mulvey (qui a défini en 1975 le « male gaze« , le « regard masculin »), la démonstration de Nina Menkes dans Brainwashed crève littéralement les yeux (et l’écran). La réalisatrice revient également sur sa propre expérience de spectatrice soumise à son corps défendant au diktat du male gaze pour nous interroger avec acuité : comment réinventer la représentation des femmes ?
Quel lien avec le féminisme / le genre ?
Attention SPOIL