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Est ce que la fête des mères c'est féministe ?
Est-ce que la fête des mères, c’est féministe ?

Dimanche 4 juin, c’est la fête des mères en France ! Elle n’a pas lieu en mai d’habitude ? D’où vient-elle d’ailleurs ? Qui célèbre la fête des mères ? Si le féminisme se définit comme la volonté d’atteindre l’égalité des droits et de traitement et plus largement l’équité entre les genres, peut-on dire que la fête des mères y participe ?

Sommaire

📊 Les chiffres clés

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des Français et Françaises considèrent la fête des mères comme importante (-6 points par rapport à 2021).

En France, 1 personne sur 4 compte offrir des fleurs pour la fête des mères.

Source : Sondage YouGov, mai 2022

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de budget max pour la fête des mères, pour près d’1 personne sur 2 en France.

C’est 252€/personne aux USA (soit 32,8 milliards d’euros de cadeaux)

Source : 1. Sondage YouGov mai 2022; 2. National Retail Federation, avril 2023

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des Français et Françaises la jugent trop commerciale, bien que 49% des mères interrogées seraient vexées si elles n’étaient pas fêtées.

Source : Sondage YouGov, mai 2022

👀 Par ici l’explication

Un brin d’histoire

  • Les premières traces de fête des mères remontent à la Grèce Antique, où des cérémonies célèbrent Rhéa, déesse de la fécondité.
  • Depuis le Moyen-Âge, au Royaume-Uni et en Irlande, chaque dimanche de “Laetare” (calendrier liturgique) a lieu le Mothering Sunday, ancêtre de la fête des mères : les chrétiens visitent leur “église-mère” (là où ils et elles ont été baptisées).
  • En 1870 aux États-Unis, dans le contexte de la Guerre de Sécession, Julia Ward Howe écrit la Proclamation de la Journée des Mères pour la Paix, un plaidoyer pour la paix et la sécurité de leurs fils et maris :

“Nos fils ne nous seront pas enlevés pour désapprendre tout ce que nous avons pu leur enseigner de charité, de clémence et de patience. Nous, femmes d'un pays, serons trop solidaires avec celles d'un autre pays pour tolérer que nos fils soient entraînés à blesser les leurs."

  • En 1907, l’américaine Anna Jarvis milite pour la création d’un Mother’s Day (fête des mères), que sa maman avait longtemps revendiqué avant de décéder un 9 mai. Elle obtient gain de cause en 1914 : chaque 2e dimanche de mai consacre la fête des mères, dont découle la version internationale que nous connaissons. Anna Jarvis distribue des œillets, fleur préférée de sa mère, dont la tradition généralisée se transforme en élan commercial. Elle finit par s’investir dans l’annulation de cette fête pour lutter contre sa commercialisation.

Zoom sur la France

Fin XIXe, la natalité française a pris du retard suite à la guerre franco-prussienne et les familles nombreuses sont encouragées. Un village d’Isère remet en 1906 le “Haut prix maternel” à deux mamans de neuf enfants, et se proclame “berceau de la fête des mères”.

  • En 1918, Lyon célèbre la journée des mères pour rendre hommage à toutes les femmes qui ont perdu maris et fils pendant la guerre, journée officialisée dans tout le pays en 1926 pour encourager la natalité.

 

  • Sous le régime de Vichy, le maréchal Pétain met les mères sur un piédestal et participe à donner plus de reconnaissance à cette fête à travers des affiches explicites : « Ta maman a tout fait pour toi, le maréchal te demande de l’en remercier gentiment ». Au-delà de la fête des mères, il valorise la famille et la natalité dans un contexte de guerre.
  • Depuis 1950, la fête des mères est inscrite dans la loi. Fixée au dernier dimanche de mai, elle est repoussée au dimanche suivant si la date coïncide avec celle de la Pentecôte. Cette journée nationale des mères est depuis célébrée même au sein des écoles.

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🔎 Plus concrètement

Aujourd’hui, ce qui pourrait qualifier cette fête de féministe

  • Reconnaissance du travail maternel : dans la lignée des revendications politiques d’Anna Jarvis (dont le militantisme a eu gain de cause), cette fête met en lumière le dévouement et les sacrifices des mères dans l’éducation et l’épanouissement de leurs enfants, travail souvent dévalorisé et sous-estimé dans la société. Bien que la dimension féministe de l’origine de cette fête puisse être contestée, elle reste l’occasion de reconnaître le cumul des jobs des mamans (emploi rémunéré, gestion des enfants, des tâches ménagères, de la charge mentale / psychologique / émotionnelle de leur foyer…).

  • Célébration de la solidarité : dans sa Proclamation de la Journée des Mères pour la Paix, Julia Ward Howe met en lumière l’empathie et le dévouement des mères pour valoriser la solidarité internationale, l’humanisme et la compassion et promeut ainsi la non-violence en temps de guerre.

  • Célébration de la maternité choisie : si depuis des siècles des fêtes exaltent la fécondité, la fête des mères est aujourd’hui l’occasion de mettre en valeur la liberté de choix sur son corps et la décision de faire ou d’avoir des enfants même quand les parcours sont plus complexes (PMA, adoption, transition, maladie…)

Ce qui incite à penser que cette fête n’est pas féministe :

  • Cette fête a pris un tournant commercial qui a pu dénaturer son message d’origine, voire carrément causer du tort aux femmes. Les entreprises ont surfé sur l’influence de la pub pour renforcer des stéréotypes de genre et maintenir les femmes dans leur rôle de bonne ménagère : plutôt qu’un robot ménager, qui laisse entendre que la place des femmes est en cuisine, on aurait pu ouvrir des places en crèche pour libérer les femmes du travail domestique. Par ailleurs, la dimension consumériste de cette fête peut nuire à l’authenticité de la célébration.

  • En France, l’État a donné une dimension utilitaire à cette fête pour pousser les femmes à être mères. Plébiscitée par le gouvernement pour relancer la natalité, la fête des mères a participé à la glorification et à l’injonction à la maternité : en 2000, 87% des Françaises considéraient que pour le bonheur d’une femme, il était souhaitable (43%), voire indispensable (44%) de devenir mère (Ifop 2022). Aujourd’hui, ⅓ des Françaises estiment que la maternité n’est pas nécessaire au bonheur d’une femme.

« La femme pouvant être mère, on en a déduit qu’elle devait l’être… Et ne trouver son bonheur que dans la maternité. »

  • Dans la pratique, cette fête n’est pas adaptée aux nouveaux modèles familiaux (familles homo, mono, recomposées) et ne prend pas en compte les situations qui sortent du schéma traditionnel : 2 mamans, pas de maman, plus de maman, belle-maman ; maman violente, maman qui a perdu un enfant, maman dans l’âme mais qui n’arrive pas à avoir d’enfant… Cette fête peut alors être source de souffrance. Certaines personnes proposent de renommer la fête des mères “fête des parents” ou “fête des gens qu’on aime”. Un avis ?

Faut-il arrêter de célébrer la fête des mères pour autant ? Chacun et chacune choisit !

💃 Ça bouge par ici !

La fête des mères, c’est aussi l’occasion de mettre en valeur les histoires de toutes les femmes désireuses d’être mères, mais dont le parcours pour le devenir est ou fut fastidieux. En France, la PMA (procréation médicalement assistée) est élargie à toutes les femmes depuis août 2021 (pour les femmes seules et couples lesbiens). Daphné et Julie Guillot reviennent sur leur parcours dans le roman graphique S’il suffisait qu’on s’aime. Leur témoignage est retranscrit dans un article de Franceinfo, du 10 mai dernier.

🎮 T’as la ref ? | Le quizz VRAI ou FAUX ? 

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Ces commentaires sont tirés des sondages qui ont lieu régulièrement sur notre compte Insta.

Et vous, pensez-vous qu’on doive encore célébrer la fête des mères ?

Qu’on doive ? Non. On célèbre individuellement si on en a envie.

gerbille78

Être parent c’est à temps plein ! Alors si on a la fête du travail, pourquoi pas la fête des mères et la fête des pères !

enalu_le_moutou

Toute journée qui tient à remercier quelqu’un a de la valeur, il faut juste inclure plus de diversité

hellsbells1997

Si c’est pour nous offrir le dernier mixeur nouvelle génération, certainement pas 😉

vbecker_h

💭 Instant BD

🥽 D’autres refs à aller checker

J’ai 5 minutes : 

J’ai plus de temps : 

  • Le film La fête des mères, de Marie-Castille Mention-Schaar, 2018
  • Le film Pupille, de Jeanne Herry, 2018
  • Le film Stepmom, de Chris Colombus, 1998

Merci à celles et ceux qui ont répondu au sondage sur Instagram pour partager leurs avis,
et merci à nos super graphistes
Naël pour la bande dessinée, et Morgane pour la bannière !

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