Ce livre fait suite à tout le travail de recherches et de discussions menées par Lauren Bastide avec différentes invitées. L’autrice interpelle directement son lectorat, mêlant ainsi avis personnels affirmés et multitudes de chiffres et études pour appuyer ses propos. Véritable bible pour piocher des ressources académiques, rapports et études, il met parfaitement en lumière la place des femmes en France : dans la rue et l’espace public en général, dans les médias, dans l’art, dans les sciences…

Dans une perspective intersectionnelle, ce livre insiste sur la place spécifique des femmes grosses, trans, lesbiennes, musulmanes, précaires ou en situation de handicap et montre, chiffres à l’appui, les difficultés auxquelles elles sont confrontées.

Cet essai est engagé et militant, je trouve qu’il illustre bien les discours féministes d’aujourd’hui : des revendications en terme de représentation, la volonté de lutter contre toutes formes d’oppression, et une colère envers les personnes privilégiées qui ne questionnent pas leurs acquis.

Personnellement, je suis d’accord avec le fond du propos : le manque de représentativité des femmes dans toutes les sphères de la société. Je questionne néanmoins la forme de cet essai, que j’ai trouvé « à charge » et très manichéen dans sa présentation du problème (les femmes et les minorités d’un côté, les « hommes cis blancs hétéro privilégiés » de l’autre) et il m’a semblé que certains passages manquaient de rigueur méthodologique dans la formulation du propos (par exemple : les femmes sont-elles « exclues » de l’espace public ? – qui sous-entend une intention de mettre à l’écart – ou l’espace public n’est-il simplement pas adapté aux femmes ?).

Je remercie dans tous les cas chaleureusement Lauren Bastide pour son travail de recherche titanesque, l’accessibilité et la pertinence des ressources citées et répertoriées. Je salue sincèrement sa volonté de se questionner elle-même, de prendre des risques avec un discours fort et de s’engager pour plus d’égalité.