Arrivé en tête du scrutin dans 21 des 24 provinces, il est le président le mieux élu depuis le retour de la démocratie en 1983. « L’une des raisons pour lesquelles Milei a été élu, c’est qu’il s’est présenté comme un candidat anticaste et antisystème qui respecte ses promesses de campagne », analyse Maricel Rodriguez Blanco, maîtresse de conférences en sociologie à l’Institut catholique de Paris et spécialiste de l’Argentine. « Il a tout intérêt à mener à bien ses promesses. On peut malheureusement s’attendre à un énorme recul en matière de droits humains, qui vont bien au-delà du droit à l’avortement. »
- Avortement : Javier Milei a notamment promis d’abroger la loi légalisant l’avortement et de supprimer le ministère des Femmes. Le nouveau président désigne l’avortement, légalité depuis décembre 2020 dans le pays, comme un « assassinat aggravé par ascendant ». Il a notamment déclaré qu’il organiserait un référendum, et que si le « non » à l’avortement l’emportait, il « supprimerait la loi ».
- Éducation sexuelle : Le nouveau président remet aussi en question l’éducation à la sexualité à l’école, la qualifiant d' »endoctrinement de l’idéologie de genre ». Cette loi adoptée en 2006 (« ley de Educación Sexual Integral » (ESI), en espagnol) a pourtant fait ses preuves. : Selon une enquête du ministère des Tutelles publiques de Buenos Aires réalisée en 2020, 80 % des enfants et adolescents ayant signalé des abus sexuels l’ont fait après avoir suivi un cours d’ESI. « C’est ce type de loi qui permet de lutter contre les causes des violences faites aux femmes », souligne Maricel Rodriguez Blanco, « grâce à la remise en question des stéréotypes et des inégalités, par exemple ».
- Inégalités salariales : interrogé sur la question du patriarcat en milieu professionnel, il a déclaré qu’il ne croyait pas aux inégalités salariales entre les femmes et les hommes. « Si les femmes gagnaient moins que les hommes, les entreprises en seraient remplies, car les entreprises veulent gagner de l’argent ! »
- Féminicides : il a en effet proposé d’éliminer la circonstance aggravante prévue par le code pénal lorsque le genre est considéré comme le motif du crime. Dans ce pays où les autorités ont recensé en 2022 un féminicide toutes les 35 heures, cette notion est essentielle, selon les féministes. Dans 88 % des cas de féminicide enregistrés en 2022, la victime connaissait son meurtrier, selon les statistiques de l’Observatoire du féminicide de la Cour suprême. Dans 59 % des cas, il s’agissait de son partenaire ou ex-partenaire.
Source : Hugo Décrypte, France24